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16 janvier 2002 3 16 /01 /janvier /2002 00:00

Les réseaux pédophiles, les intrusions des hakers dans des fichiers ou encore la contrefaçon de logiciels : l'adjudant Jarlov traque les délinquants de l'informatique sur Internet.

Un adolescent de 13 ans pensait s'être fait un ami par le biais d'un forum de discussions sur Internet, un « chat », l'an dernier, dans la région bordelaise. Il croyait correspondre depuis plusieurs semaines avec un garçon de son âge ayant les mêmes préoccupations que lui, et c'est tout naturellement qu'il a accepté de le rencontrer.
Le rendez-vous fut fixé sur une place à Bordeaux. Mais après avoir déposé son fils en voiture, le père de l'adolescent a été pris d'un doute. Il a fait demi-tour et s'est rendu compte que le garçon était abordé par un homme de 45 ans, qui a aussitôt pris la fuite.

Après enquête, cette affaire a débouché sur une interpellation. L'homme, qui, par le biais d'un pseudonyme, s'était fait passer pour un jeune internaute, a été poursuivi pour tentative de corruption de mineur.
Il a été démasqué par l'adjudant Philippe Jarlov, qui traque la délinquance informatique sur Internet depuis son bureau de la caserne de gendarmerie Battesti, à Mérignac.

Ce gendarme travaille dans le cadre de la section de recherches de Bordeaux, que dirige le lieutenant-colonel Hubert, et dont la compétence est celle de la cour d'appel sur les départements de la Gironde, de la Dordogne et de la Charente.

En trois ans, l'adjudant Jarlov, qui surfe en permanence sur la toile, par le biais de trois écrans d'ordinateur, a permis une soixantaine d'interpellations.

 

:: « Collectionneurs » ::

Cet enquêteur a suivi une formation spécifique et se présente comme un « chasseur ». Chasseur de hakers, ces doués de l'informatique qui peuvent entrer dans les fichiers des grosses entreprises ou des administrations. Chasseur de pirates, ceux qui utilisent Internet pour télécharger des films, de la musique ou des jeux et les revendre. Et chasseur de pédophiles. Il peut signaler à Interpol un nouveau site spécialisé, un des ces 40 000 sites à caractère pédophile accueillis par des serveurs américains ou russes, par exemple (les serveurs français n'en ont pas le droit), que l'on peut consulter en permanence sur Internet. Mais sa mission principale consiste à repérer les « collectionneurs » qui diffusent et recherchent sur le Net des photographies à caractère pédophile et les « voyageurs » qui cherchent à entrer en contact avec des enfants ou des adolescents.

L'adjudant Jarlov est donc à l'affût. Il planque et regrette de ne pas avoir les coudées aussi franches que ses confrères américains. Pas question pour lui de prendre un pseudonyme et d'inciter un « collectionneur » à envoyer une photo. Pas question de tendre un piège à un pédophile en lui proposant un rendez-vous. Il n'en a pas le droit. Alors, il joue les grandes oreilles et exploite au mieux les possibilités techniques de l'informatique. Il lui arrive de travailler à partir d'informations précises, à la demande du parquet, d'un juge d'instruction ou bien de sa propre initiative.

 

:: Un appel aux internautes ::

En mars dernier, l'adjudant Philippe Jarlov a repéré un pédophile australien qui se cachait sous le pseudonyme de « Father », sur une forum de discussion. Connecté sur un serveur français, à titre personnel, il diffusait des photos depuis son pays. Il a été signalé à Interpol. Le gendarme se sent démuni devant ce genre de situation : la délinquance sur Internet ne connaît pas de frontière, alors que l'enquêteur est limité à son pays et confronté à un cadre législatif qui, selon lui, ne « permet pas d'être efficace ». « En France, un internaute qui diffuse des images à caractère pédophile risque au maximum trois ans d'emprisonnement et une amende de 72 519 euros. Aux Etats-Unis, un récidiviste, qui s'était fait piéger par un policier qui avait accepté, sous couvert du fameux pseudonyme, de le retrouver dans une chambre d'hôtel, vient d'être condamné à dix-sept ans de prison. « Chez nous, le législateur doit réfléchir à la question », ajoute le gendarme, incitant les internautes qui «tomberaient par hasard» sur un site pédophile ou bien qui se trouveraient en contact avec des interlocuteurs malsains d'en référer à la gendarmerie ou au commissariat de police le plus proche, sans crainte d'être poursuivis.

Depuis peu, un site Internet est mis à disposition par le ministère de l'interieur. Il permet de signaler les sites pédophiles ou les comportements suspects : https://www.internet-mineurs.gouv.fr

Source : Sud-Ouest

 

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